E comme la magie de l’écriture

« Non, l’écriture n’est pas une solitude, jamais, il faut en finir avec ce cliché, c’est un débordement, une invasion, jamais je ne suis autant avec, avec les gens, les arbres, les mots, avec le ciel, les pluies, les éclaircies, avec  tout et rien, infiniment avec. » Dominique Sampiéro

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Tandis que les mots, les lettres, les caractères, les pauses se bousculent sous mon stylo, une petite voix mélodieuse se fait entendre intérieurement. Telle une pythie, elle claironne les caractères qui viennent de s’écrire, de prendre naissance sur le papier. La tonalité est rarement la même, comme s’ils avaient une empreinte sonore indélébile, une empreinte digitale propre, qui se mélangent pour former un tout original. Aucune logique à chercher. Le mot « neige » peut sonner sur un ton glacial hivernal comme sur un ton jovial allègre très estival. Parfois, la chanson créée diverge fortement des impressions que mon stylo fait naître. Peu d’humeur chagrine et conservatrice, je ne m’en formalise pas, car cela devient souvent une nouvelle source d’inspiration.

Le peintre le sait bien, lui qui à partir de quelques couleurs, arrive à créer mille et une nuances différentes, et qui a à sa disposition une palette très large et quasi-infinie de styles – du plus figuratif au plus abstrait – pour faire montre des images qui sont en lui.

Il en va de même pour l’écriture. Elle n’est que la restitution plus ou moins objective de ce que l’on perçoit ou pas, comprend ou pas, digère ou pas, aime ou pas du monde qui nous entoure. Elle est le fruit d’une gestation plus ou moins consciente et voulue de notre environnement. Le résultat obtenu peut être convenu comme déroutant : condamnation, accusation, reproches ; ou, à l’inverse, déclaration d’amour, ode, remerciements ; voire une observation froide et clinique de ce qui est, a été ou devrait être. Et même quand le sujet en est un paysage ou un objet, les intentions ainsi que les sentiments suscités ne restent pas lettre morte, puisqu’ils lui sont portés par le vent.

Ecrire est comme réaliser un tour de magie. Une certaine pratique, la maîtrise de techniques et de la créativité sont sûrement nécessaires pour un tour, mais pour qu’il soit réussi, il lui faut un public, un lecteur, réel ou imaginaire. Les réactions – positives, négatives ou indifférentes –, qu’elles soient directes ou indirectes, sont cruciales pour témoigner de ce partage et nourrissent à leur tour l’auteur. Tout un chacun voit le monde et soi-même à travers un prisme qui lui est souvent propre, ce qui offre un éclairage nouveau sur ce qui est. Agréable ou non, cet éclairage a le mérite d’exister, de faire écho aux multiples autres voix qui rendent la vie plus riche. Place à la magie !

(copyright: Léa Tlantique / blog historiettes décalées- Tous les textes sont des originaux, merci par avance de respecter le droit de la propriété et de me contacter si vous souhaitez en utiliser une partie)

Pour rendre honneur aux lecteurs, au bonheur de lire et à l’art de la lecture : un article très inspirant sur les pratiques de la lecture, se référant notamment aux travaux de Roger Chartier (à lire et écouter sur France Culture)

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